L'ébranlement financier de la Chine

12/08/15 et 05/09/15

 

 

 

Dans un contexte de récession mondiale, la Chine ne pouvait pas faire exception. Pour la majorité des analystes financiers, ce n'est pas le niveau situationnel de l'économie réelle de chaque pays qui est pris en compte, mais seulement, exclusivement, l'indice boursier des principales places financières du monde. Autant de compte-rendus d'analyse économique et financière repris par les médias placés sous la tutelle du pouvoir occulte, depuis les années 1930. 

 

Toutefois, si l'on ne se réfère qu'à ce critère,  la bourse de Shanghai a perdu littéralement 30 % de sa valeur par rapport à fin juin. Il ne s'agit pas de transfert de capitaux vers d'autres lieux ou places boursières plus sécures, mais d'une perte sèche de 3000 milliards $. La conséquence de manipulations à la baisse planifiées et orchestrées par de grandes banques occidentales très actives en Chine : Goldman Sachs - JP Morgan Chase - HSBC - détentrices de fonds propres colossaux auxquels s'ajoutent, depuis 2008, les milliers de milliards $ à taux 0 % issus des planches à billets successives de la Réserve fédérale américaine.

 

Une capitalisation populaire partie en fumée que le gouvernement devra compenser en creusant davantage les déficits publics. Une perte d'autant plus importante que les 300 millions d'individus de la classe moyenne sont tous des acteurs populaires de la bourse de Shanghai dont ils dépendent pour financer leur système de Santé et de retraite.


Cette perte de capitalisation représente près de 15 % des 25.000 milliards également partis en fumée lors du Krach de 2008. En aparté, il est facile d'imaginer ce qu'il était possible de faire avec une telle masse financière pour l'investissement, l'emploi, la santé, l'aide aux pays pauvres. Les autorités chinoises parlent d'impact limité, avant que ne se dessine une reprise d'ici la fin de l'année, un optimisme de circonstance, totalement infondé.

 

Les entreprises chinoises sont beaucoup moins dépendantes des marchés financiers que ne le sont leurs homologues occidentales, puisqu'elles y trouvent seulement 5 % de leur financement. Cependant elles restent contraintes et soumises aux flux du marché économique mondial, dont on maquille les chiffres pour refléter un semblant de la croissance, alors qu'il ne cesse de décroître

 

La récession s'est installée depuis plusieurs années partout dans le monde du fait de la baisse de la consommation du grand public. Ce qui affecte l'économie nationale de tous les pays désormais hyper endettés, par là-même cela pénalise l'importation de produits chinois qui ne cesse elle aussi de décroître.

 

Reste au pays le potentiel de la consommation intérieure. A cet effet, le gouvernement ouvre maintenant au maximum la vanne du crédit aux particuliers, sans aucune obligation de dépôt pour les banques. D'où la formation d'une troisième bulle après celle de l'immobilier, celle des actions détenues par le peuple sur les places financières. Mais ce dernier recours, cette ultime initiative, n'y suffiront pas tant les disparités sociales sont grandes, tant les rouages économiques du pays sont ovalisés et grippés.

 

Autre option l'immense réserve de change du pays évaluée à 3500 milliards $, mais elle a été largement amputée par le pouvoir central pour avoir soutenu un grand nombre d'entreprises défaillantes à l'exportation, en totale contradiction avec les règles de l'OMC ; pour avoir investi des sommes colossales dans une multitude d'infrastructures non rentables afin de doper les entreprises et l'emploi. 

 

Mais aujourd'hui, du fait de leur inutilité, ces réalisations démesurées, obsolètes, n'offrent aucun retour sur investissement à l'Etat chinois qui depuis quelques années très discrètement a recours lui aussi à la création monétaire  -  planche à billets, ou création de monnaie de singe sans valeur - à l'instar des banques centrales occidentales, d'où la formation d'immenses bulles spéculatives prêtes à imploser.

 

La récession mondiale qui ne cesse d'empirer et l'ébranlement financier actuel conjugué à  l'hyper spéculation boursière risquent de prendre de court le pays qui ambitionne de devenir la première puissance économique et la première place financière mondiale en se substituant à la City et à Wall Street.

 

Pour y parvenir le plan secret de la Chine consiste à adosser le yuan à l'or physique accumulé à fort tonnage depuis 2007, l'entrée en crise majeure. Plus les autorités diffèrent l'application de ce plan, plus cet objectif central sera difficile à atteindre car se profile une probable dévaluation circonstanciée du billet vert qui mettrait le coup d'arrêt final à cette double ambition chinoise, tout en introduisant un nouveau système financier mondial.

 

Dernière nouvelle : Sans vouloir le dire clairement, Pékin dévalue deux jours de suite le yuan face au dollar pour tenter de relancer les exportations et la consommation intérieure. Comme une émulsion pour donner du faux volume à une croissance amorphe. Une décision sans précédent depuis 2005, année de calage du yuan sur le dollar US. Si l'effet escompté se produit, il sera de courte durée car la consommation mondiale est en berne et tous les artifices de relance économique sont désormais épuisés.